Bouzin du cochon de Li Zhongyao/ été 2008 - 1/2

Bouzin du cochon de Li Zhongyao/ été 2008 –

Bordeaux à voir…

Le Chaval est un animal à sang d’encre ; atrocement drôle.



N ‘importe quel filosofe desprogien vous le confirmera – en français dans le texte : « La majorité des français sont/est plus con que la moyenne… ». Une fois cet axiome entendu, voire compris, il en résulte que l’on ne peut pas rire de tout avec Toutinchacun.

Chaval par exemple. Ou Céline & Brasillach, dans les années quarante…

Ou Molinier & Présence Panchounette dans un tout autre domaine. Ce n’est pas un sujet de conversation, surtout devant les enfants. Et enlève tes coudes de la Propaganda Staffel, quand tu veux taire l’Epuration : à Bordeaux c’est encore un sujet fusible… Le Bassin rend les édiles frileux, et les administrateurs des arts cathareux lorsque l’on évoque les dessins anti-juifs du Chaval des heures noires de Vichy, dans la presse locale… Car le misanthrope-peintre et graveur Chaval (Yvan Le Louarn, au civil de 1915 - 1968) est issu de l’Ecole des Beaux-Arts de Bordeaux…

L’esprit grinçant des plumes de caricaturistes, absurdes parfois, judicieusement cruels souvent, à côté des rails, toujours, c’est sa voie, dès 1949. À Paris, bien sûr, où l’Epuration choisit ses têtes rasées de nègres et de turques autrement qu’en provinces ambiguës. Petits boulots et vaches enragées. Mais bientôt, quelques amnésiques et directeurs de journaux éclairés lui ouvrent leurs colonnes. Sud-Ouest Dimanche – en pleine page - et Paris-Match (Le « Grand Ancien »), Le Figaro, ( Littéraire), & l’Obs ! Bardé de prix et médailles, Chaval persiste à tympaniser les trognes d’affairistes politiques et la veule curetaille ou la bondieuserie (Chaval louche aux cieux, c’est un désastre…), la magistrature agenouillée et les traîneurs de sabres, ainsi que tout le Milieu pharmaco-médical où il a larbiné pour des clopinettes. Paradoxe, il produira cependant quelques porte-folio pour des laboratoires connus (Mustela…). Le loufoque le dispute à l’insolite, et dans sa nef des fous et drolatiques il est bien le fils des Daumier, Gill & Caran D’Ache, zutistes et anars du 19ième….

* « Mes dessins, s’ils sont meilleurs que ceux des autres, c’est qu’ils vont jusqu’au bout ; ils détruisent tout parce que j’y vais moi-même et que je me détruis aussi. » Vlan. Et il picole : « Mon verre n’est pas grand, mais j’en ai un autre ! ».
* Partageant avec Molinier le goût des pistolets et la vase de la berge (∞), il est lui-même le géniteur des Ylippe et des Shadoks, c’est l’alarme fatale, n’importe quel Café-Pompier vous le dira: il aboie de son maître et des bêtes puantes (∞). Cousin des Bosc et Averty, il écrivait – comme n’importe quel neurasthénique – des nouvelles désopilantes et tournait des courts-métrages & petits films (« Les oiseaux sont des cons »....) développés dans un bon jus de vitriol et d’eau régale qui enchantait les amateurs harakiriesques de ses derniers crobards
* . Car sa femme-fusionnelle, peintre rencontrée aux Beaux-Arts, se donna la mort en 1967, ce qui offrit à Chaval de revenir à Bordeaux pour en faire autant, malgré quelques essais infructueux : anticipant Molinier (*) aux derniers instants, il n’omet pas d’apposer la pancarte à la porte : « Attention, danger d’explosion ! ». A plein gaz.
*
* Restent pèze et butin aux héritiers bordelais, et aux estivants de mouiller les corps : le Musée des Beaux-Arts est bel et bien la mine du Port de la Lune.
* « J’irai comme un Chaval fou… »



Gilles-Ch. Réthoré

« CHAVAL : HUMOUR LIBRE »

Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, jusqu’au 21 septembre 2008.

Riche catalogue d’expo, mais autocensuré du moindre dessin de la période antisémite et privé des saynètes, dont « L’écrivain canin ».

Edition Le Festin : 22 euros.

Bibio :

« L’animalier » et « L’homme » Livres de poche N° 3534 & 3535.

(*) « Ton cri restera vain…. ».